« Marie-Eve, je ne suis plus capable du recrutement! »
Il ne se passe pas une journée sans que j’entende l’un de mes clients me parler avec angoisse de ses problèmes de recrutement. Depuis plus d’un an, la pénurie de main d’œuvre fait très mal aux PME qui sont désespérément à la recherche de personnel. Oui, on connaît la chanson, mais les dommages sont plus palpables qu’auparavant.
Plusieurs entrepreneurs ont la face longue. Les gestionnaires RH s’arrachent les cheveux de la tête. Parce qu’ils ne reçoivent pas ou très peu de CV. Parce que c’est une course contre la montre pour contacter le candidat avant qu’il ne soit submergé d’autres offres. Parce que une fois sur deux, le candidat, la perle tant souhaitée, ne daigne même pas se présenter à son entrevue. Ou pire, à sa première journée de travail! Parlez-en aux restaurateurs qui perdent de gros revenus cet été, au moment crucial de leur année.
Tous les dirigeants ont raison d’être inquiets. Tous les gestionnaires RH ont raison de passer des nuits blanches. Le problème, c’est que cette obsession du recrutement est en train de nuire aux entreprises. Parce qu’on oublie la rétention de personnel. Parce qu’on oublie les employés vaillants en place qui, en passant, reluquent peut-être déjà vos concurrents…
En ressources humaines, c’est ce que j’appelle le syndrome Tinder. L’obsession du recrutement, c’est exactement comme un couple qui a des problèmes et qui bat de l’aile. C’est comme si l’un des partenaires dans le couple se crée un compte Tinder en cachette avec ses plus belles photos pour séduire alors qu’il est encore en couple et qu’il pourrait mettre l’énergie pour faire perdurer sa relation. C’est l’image qui me vient en tête chaque fois qu’on m’en parle! On se dit qu’il vaut mieux trouver mieux ailleurs tant qu’à dépenser temps et argent pour retenir nos joueurs actuels.
Recrutement, recrutement et recrutement : laissez faire ce mantra! L’obsession du recrutement devrait plutôt faire la place à l’obsession de la rétention de personnel. Malheureusement, trop souvent, les employeurs laissent aller leur culture d’entreprise par manque de main d’œuvre, de temps et d’argent. Les entreprises embauchent les candidats disponibles et pas ceux qui avaient été souhaités.
Résultat? On brûle nos bons employés, nos employés dévoués. On les ensevelit de travail. On envoie un message négatif de ce que l’on veut et on dépense toute notre énergie à recruter de nouveaux employés. Les entreprises deviennent obsédées d’engager de nouveaux employés, mais ne se posent pas de questions sur les besoins réels de leurs employés actuels.
La vérité, c’est que plusieurs employeurs ne mettent pas les priorités à la bonne place. On oublie la base : la rétention de personnel et l’optimisation des processus. Comme avec un compte Tinder, on oublie le partenaire du couple à nos côtés qui ne demande pas mieux que d’avoir de l’attention et de travailler sur la relation!
Pour avoir de bonnes habitudes de rétention de personnel, revoyez vos processus RH. Parce qu’un employé engagé en vaut deux. Concentrez-vous pour identifier comment garder vos employés et comment faire plus avec moins, sans brûler votre équipe. Optimisez vos processus pour faire les choses autrement. Faites-le maintenant. Travaillez sur votre processus d’accueil, d’intégration et d’engagement. Démarquez-vous avec votre marque employeur. Revenez à votre ADN comme entreprise et avec vos valeurs. Redevenez humains et reconnectez avec vos employés.
Je crois sincèrement que l’investissement dans la rétention et l’optimisation des processus permet un retour sur investissement beaucoup plus grand. Privilégier le recrutement au détriment de la rétention demande beaucoup de temps, d’énergie et d’argent. Et c’est sans parler du cercle vicieux que ça engendre, une spirale dont les gestionnaires RH deviennent prisonniers.
Avec le retour des vacances, chers dirigeants et gestionnaires, revoyez vos façons de faire. Posez des actions concrètes avant de vous retrouver au bord du gouffre avec votre personnel. N’attendez pas d’avoir perdu tous vos bons joueurs pour le réaliser.
Sinon, vous serez comme un nouvel abonné sur Tinder qui voit sa partenaire de vie claquer la porte et qui se rend compte trop tard qu’il a commis une erreur…
